L’ESPACE RENAISSANCE DEMENAGE, en litige avec l’hôpital

Article NOUVELLE REPUBLIQUE du samedi 30 mai 2020 L’ESPACE RENAISSANCE DEMENAGE, en litige avec l’hôpital Les 13 professionnels de santé partent le 2 juin, le centre hospitalier du Chinonais souhaitant récupérer les locaux. Un départ laborieux et conflictuel. La période post-Covid commence fort pour eux. Certains professionnels l’ont vu comme la fin d’un cauchemar. Leur calvaire a duré bien plus longtemps. Eux, ce sont les professionnels de santé de l’espace Renaissance. Depuis environ 15 ans, leur local, situé à quelques mètres du centre hospitalier du Chinonais, héberge diverses disciplines. En début d’année, ils étaient 13 : sophrologue, sage-femme, psychologue, masseuse, kiné… Et environ 9.000 patients. Ils pensaient être partis pour rester encore longtemps. Mais ça, c’était avant Avant que le centre hospitalier n’exprime soudainement sa volonté de récupérer les locaux… A sa façon « Fin janvier, on a reçu une lettre recommandée mettant en demeure de quitter les lieux, explique Maître Jean-Yves LETERME, Avocat des praticiens. Dans le mois qui suit. » S’ensuivent des discussions, en présence notamment de Jean-Luc Dupont, maire de Chinon et de la nouvelle directrice de l’hôpital, Dominique Osu. Le départ est reporté à courant juin, alors que le confinement n’est pas encore d’actualité. Le projet de l’hôpital est alors d’échanger les locaux avec le centre médico-psychologique (CMP). Ce qui convainc peu les praticiens. Tous ne pourraient pas s’y rendre. Et surtout, il doit être détruit dans un an.  A la place d’un échange, ces derniers proposent de partager leurs locaux avec le CMP, ce que refuse l’hôpital. Le confinement prolonge le flou, jusqu’au 11 mai. Comme un réveil soudain après un cauchemar, ils apprennent par un membre des services techniques qu’ils doivent bien plier bagage le 2 juin. La stupéfaction est totale. « On a trouvé cela brutal. Tout le monde sait qu’entre le 16 mars et le 11 mai, tout s’est arrêté, observe Maître Leterme. On n’a pas pu visiter d’autres locaux, solliciter aucune agence immobilière. On a demandé quatre semaines de délai supplémentaire. Ils ont refusé. » La pilule a du mal à passer pour la psychologue : « On nous dit qu’au final, au moment où on peut reprendre, on doit organiser un déménagement… » Un local trouvé en urgence Les rendez-vous reprennent, mais dans des conditions particulières : « Les services techniques rentrent et sortent comme ils veulent, tance-t-elle. Ils rentrent même dans les bureaux pendant les rendez-vous, toquent à la fenêtre… » Alors que le dialogue est rompu avec la direction, ils tentent de trouver une solution. L’impensable s’est produit en milieu de semaine, grâce à une connaissance. L’entreprise Direct Home, situé à trois kilomètres de l’hôpital – en face du concessionnaire Peugeot – mettra à disposition le premier étage dès le 2 juin. Son gérant, Dominique Ensarguet, « a même fait des travaux en urgence pour nous », se réjouit l’avocat. A l’arrivée, le bilan est contrasté. Le nom ne change pas. Sur les 13 professionnels, seuls huit poursuivent l’aventure (1), les autres s’étaient installés ailleurs. Mais les locaux étant plus grands, « on pourra être plus nombreux qu’avant ! » Le parking, gratuit, devrait être assez grand pour accueillir tous les patients. Seul bémol, l’absence de norme PMR, qui « opérera une sélection des patients. Il faut monter un escalier pour accéder aux bureaux, remarque une praticienne. Des personnes en fauteuil roulant, qui boitent, par exemple, ne pourront plus venir… » Les rendez-vous reprendront entre le 2 et le 8 juin, au 44, rue Bernard Pallissy. Le nom d’espace Renaissance n’a jamais aussi bien porté son nom. Alexandre Mazel

  • Tiphaine Bérardier, psychologue, Brigitte Thomas et Marie-Luce Coulonnier, hypnothérapeute et sophrologue , Mélinda Jarry, psycho-praticienne , Thomas Julienne, orthoptiste, Marina Dupuy, psychologue, Roselyne Mercereau, masseuse, de l’atelier les mains de Rose, et Lou Mondrzak, dietéticienne.

Légende photo C’est au premier étage de l’entreprise Direct Home que les consultations de l’Espace Renaissance auront lieu. Encart sur le côté La réponse de l’hôpital Par la voix de M. Laurent Tavard, ingénieur responsable de la direction des services techniques, des travaux et du patrimoine au centre hospitalier au centre hospitalier, l’établissement a donné sa version des faits. « On a dénoncé la convention de mise à disposition avec préavis de trois mois le 26 septembre 2019. L’association renaissance n’était donc plus locataire depuis le 26 décembre 2019. On a proposé des locaux en échange avec le CMP. Ce deal a été accepté fin décembre par les professionnels de santé, en présence de leur avocat. A la suite de cela, plusieurs réunions se sont tenues. La date du 4 juin a été retenue, en février, laissant le temps à l’équipe de s’organiser. Nous ne pouvions pas reculer la date de départ, ayant besoin de ces locaux pour les consultations d’enfants. De plus, avant la période de Covid, ils avaient déjà trois mois pour s’organiser. »Il ne faut pas être normal pour faire ça. Après le premier coup, Ludovic n’était pas bien. Après le deuxième, j’ai observé une aggravation très nette de son état.” Présent aussi au moment de l’incident, Mehdi Sedyame a confirmé ce témoignage. “II n’existait aucune raison de frapper Ludovic, tellement saoul qu’il ne tenait plus debout. Le premier coup de pied au visage était totalement disproportionné face a un individu pas agressif.

UN GESTE DISPROPORTIONNÉ

Et Fabrice Henry, vigile au gabarit impressionnant, a complété ce second récit. “Besnard a frappé la victime comme s’il voulait dégager un ballon de foot. je n’en croyais pas mes yeux et je suis intervenu pour l’empêcher de recommencer.” En face, les deux accusés se sont montrés plus que maladroits à la barre. Sûr de lui et d’avoir bien agi. Mathieu Roquet a invoqué la peur que lui aurait inspirée la victime pour justifier son coup de pied au visage. “Il est venu vers moi en levant les mains et j’ai pris ça pour un geste d’agression. J’ai voulu me protéger.” Du bout des dents, il finit cependant par reconnaître “la disproportion de son geste”. Pour sa part, Jonathan Besnard se montra encore plus obtus.“Non, jamais il n’a donné un coup de pied à son copain déjà étendu pour le compte parle vigile. Deux comportements vilipendés par Maître Morin, avocat de la famille Moy, partie civile. “Durant tout le procès, Roquet est resté de glace face à un acte délibéré,
contraire aux règles de son métier. Besnard, lui, ne reconnaît pas les faits car il ne peut admettre avoir cogné un copain qu’il considérait comme son frère.” Et au terme d’un réquisitoire juridiquement très argumenté, l’avocat général Maître Lorrain ne vit pas de différences de responsabilité entre les deux accusés. Il requit donc deux peines de six ans de prison avec une très légère possibilité d’aménagement (sursis) pour Roquet. Que leur client ait frappé la victime ne faisait aucun doute. Mais ce coup n’avait certainement pas entraîné la mort, plaidèrent. en s’appuyant sur les conclusions des experts, Maître Leterme et Maître Devaud en faveur de Besnard. Quant à Maître Egon, il affirma que la réaction de Roquet était celle d’un homme déjà agressé qui, ce soir-là, n’avait pas eu de chance. Après deux heures de délibération, la cour a finalement condamné Besnard à 5 ans de prison ferme et Roquet à la même peine mais assorti d’un an avec sursis et d’une mise à l’épreuve pendant trois ans avec interdiction d’exercer un métier dans la sécurité.