
Une réputation de pointeur
Le courrier de l’Ouest du 25/01/2025
Entre 2016 et 2018, deux mineurs expliquent avoir été victimes d’agressions sexuelles de part d’un ami de leur famille. Il a été condamné.
Les deux victimes, aujourd’hui majeures, n’étaient pas présentes à l’audience
Il avait une réputation de pointeur car il était souvent à attendre dans sa voiture les jeunes qui jouent au foot ». C’est comme ça qu’est décrit par une témoin le prévenu, désormais âgé de 49 ans, qui comparaissait ce jeudi 23 janvier 2025 pour des faits d’agressions sexuelles sur deux mineurs. Les autres témoins abondent : l’homme avait l’habitude d’être entouré de jeunes garçons avec lesquels il était très proche. Au quotidien, les deux garçons, qui sont aussi cousins, ont l’habitude d’être aux côtés de cet ami de longue date de leur famille. Jeux, parties de pêche, déjeuner au McDo… Les cousins passaient beaucoup de temps chez lui. Notamment lorsqu’ils y « trouvaient refuge » la nuit après des disputes dans leurs foyers.
L’homme dit avoir fait ça « sans réfléchir »
C’est en octobre 2020 que l’affaire éclate. La plus jeune victime, aujourd’hui âgée de 20 ans (12 ans au moment des faits), confie à sa tante avoir été victime d’agressions sexuelles, entre 2016 et 2018. Il lui décrit son mal-être, ses envies suicidaires. Son cousin, 16 ans au moment des faits, avoue lui aussi avoir été agressé sexuellement à deux reprises. A la barre, le prévenu avance que les victimes auraient été consentantes. « Vous avez fait ça pour rendre service », lance la présidente du tribunal. « On peut dire ça comme ça », répond le prévenu, niant avoir la moindre attirance pour les mineurs.
« La honte doit changer de camp ».
D’après l’expert, les cousins sont choqués. « Il a une emprise sure (le plus jeune), d’autant que ce dernier ne connaît pas son père biologique, relate le rapport de l’expert. Il a une emprise sure (le plus jeune), d’autant que ce dernier ne connaît pas son père biologique, relate le rapport de l’expert. Il est très isolé, il sort peu. Il a évoqué quatre tentatives de suicide ». Au sujet de plus âgé des cousins, l’expert pointe « un sentiment de honte ». Il en fait encore des cauchemars » « ces garçons ne devraient pas avoir honte » insiste le Procureur de la République en requérant 3 ans d’emprisonnement dont un avec sursis. « La honte doit échanger de camps ». Le profil du prévenu est celui d’un homme isolé. Plaquiste de formation, il ne travaillait plus depuis 2016 en raison de problèmes de santé. Fils d’un père alcoolique violent, il se considère lui-même comme « intellectuellement limité ». Son temps libre est dédié à aider sa mère et ses frères. « On parle d’un milieu sociologiquement et socialement étriqué, Monsieur n’est presque jamais sorti de (sa commune) », a plaidé l’avocate de la défense ; Au-delà de sa famille, l’homme n’entretient quasiment aucune relation avec des adultes « par peur des préjugés », selon son avocate « il n’a l’impression d’être compris que par les enfants, à travers les jeux ou les sorties »
Depuis son placement sous contrôle judiciaire en 2020, le prévenu est suivi par un psychologue et a retrouvé du travail dans les espaces verts. Des « gages de réinsertion » qui ont joué en sa faveur au moment du délibéré. Le tribunal correctionnel de SAUMUR l’a condamné à trois ans de prison, dont 18 mois avec sursis. La peine sera aménagée sous la forme d’une surveillance électronique à domicile. Il devra respecter des obligations de soins et de travail, et verser les sommes de 10 000€ et 7 000€ aux victimes, au titre du préjudice moral. Enfin, toute activité impliquant la fréquentation de mineurs lui est interdite et ce pour les dix prochaines années.