Le coup de feu avait tué une jeune femme

Vendredi 15 mars 2024 Le Courrier de l’Ouest

Le coup de feu avait tué une jeune femme

Légende photo : La justice a rappelé au collectionneur, dont l’arme avait tué, qu’il a aussi failli à ses obligations de sécurité.

La thèse de l’accident semblait la plus plausible au lendemain de ce coup de feu qui avait coûté la vie à une jeune mère de famille de 28 ans. Mais les circonstances étaient restées floues. Elles ont trouvé leur éclaircissement hier devant les juges du tribunal correctionnel de SAUMUR.
A la barre, ARMAND, 66 ans, ferrailleur-brocanteur. Cet habitant de la rue du Bellay, à MONTREUIL-BELLAY, inconnu de la justice, est aussi collectionneur d’armes depuis qu’il est « tout petit ». Sans excès cependant puisque ce sont seulement cinq armes qui ont été saisies le soir du drame. Démêler le vrai du faux dans cette histoire a été d’autant plus compliqué pour les enquêteurs qu’ARMAND et ses proches ont d’abord tenté de faire croire que la victime était à l’origine de l’accident.

 » Il l’aimait comme sa propre fille »

Ces deux familles se connaissaient bien pour se voir fréquemment et avaient pour fâcheuse habitude de sombrer dans les excès lors de leurs soirées. Ce soir-là, il y avait eu consommation d’alcool et l’une des armes avait été sortie d’entre deux meubles. La victime l’avait d’abord manipulée, puis ARMAND. « J’ai pris l’arme. J’ai voulu emboîter les deux parties et le coup est parti. Je ne savais pas qu’elle était chargée », a-t-il dit à la barre avant d’admettre qu’il avait d’abord menti.
La balle a traversé la tête de la jeune femme ne lui laissant aucune chance malgré les 40 minutes passées par les pompiers pour tenter de la ranimer. « Il l’aimait comme sa propre fille. Tout le monde le décrit comme quelqu’un de gentil, serviable et généreux. C’est un accident. Il n’a pas touché la queue de la détente. C’est démontré », a plaidé son avocate Me Magali DEVAUD alors qu’il venait maladroitement de formuler des « excuses ».

Des armes détenues sans déclaration

Ne doutant pas de la thèse de l’accident, le tribunal a surtout essayé de lui faire comprendre qu’il avait manqué à toutes les obligations incombant à un détenteur d’armes. Les munitions, comme ses fusils, auraient dû être enfermées dans un coffre-fort. Ils auraient surtout être déclarées. Au lieu de cela, des vidéos ont attesté qu’il aimait les exhiber lors de ces soirées sans retenues mettant parfois en joue ses convives « pour amuser la galerie », selon le propose de témoins.
La partie civile contenant difficilement son immense émotion a demandé des indemnisations tout particulièrement pour la fille de la victime âgée d’un an à l’époque des faits. Les juges lui ont alloué 40.000 €. La mère et la sœur de la victime ont obtenu respectivement 20.000 et 15.000 €
Les réquisitions du parquet ont été suivies à la lettre. ARMAND a été condamné à trois ans de prison, dont deux avec sursis. Il a l’obligation d’indemniser les victimes, de se soigner de son addiction à l’alcool. Il a interdiction de détenir des armes et d’entrer en contact avec les victimes.
Nicolas THELLIER